La Guinée-Bissau, ce sont trois transitions difficiles à négocier à cause de la crise politique

Avec trois personnalités impliquées en Guinée-Bissau, le Conseil de sécurité a examiné aujourd’hui la situation d’un pays marquée par trois transitions: le retrait du Bureau intégré des Nations Unies (BINUGBIS), le transfert des tâches de ce dernier à l’équipe de pays de l’ONU et la fermeture de la Mission de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), et tout cela, dans un climat de crise politique, « dramatisée », selon le représentant bissau-guinéen.

Réuni en personne, dans sa volonté d’alterner les séances au Siège de l’ONU et les visioconférences, le Conseil de sécurité a dialogué avec la Chef du BINUGBIS, la Directrice exécutive de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) et le Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix.

Dans le contexte de la COVID-19 qui met à l’épreuve les infrastructures sanitaires désastreuses et les ressources limitées de la Guinée-Bissau, la Chef du BINUGBIS a indiqué que les derniers développements politiques ont conduit à une atmosphère politique marquée par une méfiance croissante entre les parties prenantes. Le Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et de Cabo Verde (PAIGC) conteste le go qu’a donné le Parlement, le 29 juin dernier, au programme du Premier Ministre et refuse de répondre à l’appel du Président à un gouvernement élargi.

La Chef du BINUGBIS a parlé du raid du 26 juillet contre la Radio Capital FM, considérée comme proche de l’opposition, des arrestations arbitraires, des actes d’intimidation et de la détention des personnalités politiques perçues comme opposants à l’administration actuelle. Elle a avoué que la crise politique et la paralysie du Parlement ont empêché son Bureau de soutenir les réformes urgentes décrites dans l’Accord de Conakry de 2016, y compris la révision de la Constitution, la loi électorale et celle sur les partis politiques.

La Commission technique créée par le Président pour travailler sur un projet de constitution est critiquée par plusieurs parties prenantes qui soulignent que cette révision relève de la prérogative exclusive de l’Assemblée nationale. Elle a rappelé le plan du Secrétaire général visant à mettre en place une plateforme de haut niveau réunissant les partenaires internationaux et les autorités nationales. Ce plan passera, après la fermeture du BINUGBIS, en décembre 2020, sous la direction du Coordonnateur résident, dans un pays dont le littoral et les problèmes de gestion des frontières sont exploités par les groupes de la criminalité organisée pour le trafic transatlantique de cocaïne, a prévenu la Directrice exécutive de l’ONUDC.

La résurgence de ce trafic à partir de l’Amérique latine et vers l’Europe, est préoccupante, s’est-elle alarmée. La Guinée-Bissau a d’ailleurs mis en garde contre la tentation des acteurs politiques nationaux de « politiser » la lutte contre le trafic de drogue, pour des gains politiques ou des stratégies partisanes. L’ONUDC, a tout de même promis la Chef de l’ONUDC, mettra l’accent sur le renforcement des capacités dans la lutte contre la corruption et la criminalité organisée. Ce travail s’effectuera dans le cadre du nouveau Plan stratégique national dont l’objectif est de permettre à l’ensemble de la chaîne du système judiciaire et de sécurité de répondre au trafic de stupéfiants, à la criminalité organisée, à la corruption et au blanchiment d’argent.

Toutes les délégations du Conseil ont insisté sur la poursuite des réformes prévues par l’Accord de Conakry, auquel la France a ajouté la feuille de route en six points de la CEDEAO, en insistant sur la révision de la Constitution mais aussi sur le respect des droits de l’homme et de l’état de droit. La prétendue multiplication des violations des droits de l’homme, s’est défendue la Guinée-Bissau, ne sont que des « incidents isolés ». Elle a aussi affirmé que depuis les élections de 2014, elle n’a connu aucune ingérence militaire sur la scène politique.

La Guinée-Bissau a dit plutôt voir de nouveaux discours sur la réconciliation nationale et la baisse des tensions politiques et sociales, arguant qu’avec la mise en place d’une commission technique pour la révision constitutionnelle, le Président de la République a « débloqué » le processus de réforme. Le pays a plus que jamais besoin d’être accompagné et soutenu, a plaidé le Niger, appelant la communauté internationale à soutenir les initiatives nationales dans le cadre de la consolidation de la paix.

Un engagement international continu et une concentration soutenue sur les priorités du pays seront essentiels pour assurer la reprise économique et le développement durable, a acquiescé le Président de la formation Guinée-Bissau de la Commission de consolidation de la paix, craignant que la mauvaise situation socioéconomique n’affaiblisse encore la cohésion sociale. La levée des sanctions a d’ailleurs été défendue par la Fédération de Russie, étant donné que la situation actuelle n’a rien à voir avec le coup d’État de 2012. Il ressort clairement des six premiers mois de 2020 que les sanctions n’ont aucune incidence sur la dynamique politique interne du pays, a fait observer la Fédération de Russie, jugeant « déroutant » le maintien des sanctions.

LA SITUATION EN GUINÉE-BISSAU

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